Monday, October 25, 2010

Raison d’état & états d’âme


Joël Labruyère

Le magazine Point de Vue qui fait rêver avec les beaux mariages et les naissances princières, publie la version « officielle » de l’assassinat de Lady Diana. La grande presse n’en a pas pipé mot. Point de Vue a été choisi pour une révélation sans tapage. De toute façon les gens ne peuvent admettre une vérité si elle ne vient pas de la télévision. La stratégie du « dégazage » médiatique en douceur permet au Système de se confesser sans honte.
La faute est avouée d’une manière biaisée, le temps de déminer le terrain. Le scandale n’est plus alors qu’un pétard mouillé.
Pris du même élan, Paris-Match s’interroge sur un secret de polichinelle : « Johnson a-t-il tué Kennedy ? » La réponse est dans la question.
Quarante ans de suspense, c’est le temps qu’il faut à un journal français pour donner la réponse avec un point d’interrogation.

Au confessionnal, l’ordre hiérarchique est respecté. La mort des vedettes est moins bien dissimulée que celle des politiciens.
Le meurtre de Coluche n’a pas fait de vagues. Un saltimbanque français, qui s’en soucie ?
Le secret de Marilyn Monroe fut dissimulé le temps d’un deuil international, bien plus long.
Quelques jours avant la mort de l’actrice préférée de Kennedy, le crooner Franck Sinatra l’avait « préparée » dans son bunker californien. On a retrouvé Marilyn hagarde, errant nus pieds dans les rues de Los Angeles. Après son faux suicide, on a fait porter la casquette au frère de Kennedy, lui aussi éliminé. Récemment, ce fut le tour du fils de John Kennedy, qui « aurait perdu le contrôle de son appareil ». Ce sont des choses qui arrivent lorsque l’on descend d’une lignée irlandaise qui n’est pas majoritaire dans l’establishment protestant anglo-saxon.

Contrairement aux célébrités abattues au zénith de la gloire, la révélation de l’assassinat de Lady Diana est venue plus vite, six ans après le drame du 31 août 1997. Mais tout s’accélère de nos jours. C’est un ex-agent des services secrets britanniques qui a été chargé du dégazage de l’assassinat qu’il relate avec une précision toute policière. De l’intervention des agents de la DST (France) qui ont transformé la mercédes en corbillard princier, jusqu’au signal aveuglant envoyé dans les yeux du chauffeur au moment où il s’engageait sous le tunnel de l’Alma à la vitesse qu’on lui avait ordonné, tout est minutieusement raconté.
Il s’agit d’un rapport pour couvrir la famille royale face à une opinion anglaise échaudée.
A qui profite le crime ? On dit que Diana s’apprêtait à casser le morceau sur les mœurs royales ou à lancer un pavé contre Israël.
Maintenant que la faute est confessée, l’opinion publique pardonnera. Tout s’oublie.
(Diana, secrets and lies- Nicholas Davis)

Comme le Système ne fait pas les choses à moitié, dans le même temps où Point de Vue relate l’assassinat de Diana par les services franco-britanniques (MI 5 et DST), Paris-Match révèle les lettres d’amour que la princesse écrivait à un amant qui fait chanter la Couronne en menaçant de révéler les fantasmes de la déesse préférée des foules. Cet individu dit de lui-même qu’il est une ordure !
Une révélation à base de sexe doit compenser celle de mort. Cette ombre sur la mémoire de la sainte anglaise minimise l’annonce de son assassinat. Dans l’une de ses « lettres érotiques », elle demande à son militaire d’amant enrôlé dans la guerre du Golfe, des nouvelles de son « copain » (pénis) à qui elle souhaite bien du plaisir auprès des filles bronzées du Koweit. C’est écrit dans le journal…

Autre secret révélé par Paris-Match : les faux suicidés de l’Ordre du Temple Solaire ont été grillés au lance-flamme. Opération militaire.
Pour ceux qui ont suivi mes recherches dans le cadre de l’Omnium des Libertés, ce n’est pas un scoop, puisque j’ai révélé au début 1996 que ces gens avaient été exécutés par un commando militaire. C’était une intuition.
Les spirituels croient au karma et ne se suicident pas joyeusement en famille. Vous en connaissez beaucoup de bonnes mères de famille, croyantes, et d’un niveau culturel décent qui tuent leur enfant pour l’envoyer sur Sirius ? L’enquête a montré des traces de coups sur les corps carbonisés de ces femmes.
La question que je me suis posé à l’annonce de ce massacre en décembre 95, ce n’est pas de savoir si c’était un suicide, mais comment on peut gober un tel gag macabre ? Il faut être c…
Lorsque j’ai lancé l’idée que le « suicide collectif de secte » est toujours un crime des services secrets, je me sentais bien seul, comme sur d’autres sujets d’ailleurs…
Plus tard, des opportunistes ont repris cette idée pour faire du tapage. Le fils Vuarnet qui comprend vite si on lui explique longtemps, et dont la mère était au nombre des victimes, a demandé la réouverture de l’enquête bidonnée par le juge Fontaine (dont l’eau était croupie).
Lors d’une affaire de ce genre tout est fait pour diviser ceux qui savent quelque chose.

Vuarnet refusa de collaborer à la recherche de la vérité sur l’OTS car, lui avait-on dit, ce lascar de Labruyère est torpillé par les sectes.
« Torpillé par les sectes…taupe de la Scientologie… suppôt des gourous, etc… » C’est comique sachant qu’il est interdit à des Scientologues de se mêler d’affaires comme l’OTS car cela touche à des intérêts politiques. Je dirai peut-être pourquoi une autre fois.
Les antisectes et les RG dont j’ai ridiculisé les thèses ridicules m’ont alors diabolisé de manière vicieuse : « Il n’y a qu’à dire qu’il est scientologue et cela le discréditera ». Aussitôt dit, aussitôt fait. France-Soir lança le « turbin » monté par les RG contre l’emmerdeur.

Si vous voulez nuire à quelqu’un, dites qu’il est dans une secte. Et si vous voulez salir définitivement sa réputation, dites alors qu’il est scientologue. Face à cet épouvantail, les braves gens frémissent. On ferme les volets.
J’ai convoqué en justice Alain Vivien pour m’avoir accusé dans France-Soir d’être sponsorisé par la scientologie. Et la justice m’a arnaqué, il n’y a pas d’autre mot. J’ai versé une caution suite à l’instruction, mais ma plainte est tombée aux oubliettes. Ma victoire était trop facile. On préféra éviter le procès par crainte que le tribunal ne constate l’absence de sciento-virus dans mon organisme. Ceci dit les scientologues ne sont ni pestiférés ni des sous hommes, et je n’ai rien contre les personnes. Cette organisation est parfois lourdingue, et la présence américaine se fait trop sentir en coulisse, mais quoi, nul ne doit aller là où il n’a rien à faire. A chacun sa chapelle.

Un peu plus tard, la « justice » s’est souvenue de moi et j’ai été condamné pour diffamation de l’expert menteur, le psychiatre Jean-Marie Abgral. J’ai écrit dans un journal qu’il avait inventé le « suicide collectif » car il était chargé de la désinformation médiatique sur l’OTS et les sectes. J’ai donc été sanctionné pour avoir dit la vérité car peu de temps après Abgral fut mis en examen pour s’être improvisé expert sur l’OTS, sans mandat.

Je pourrais rire de l’accusation de « taupe de la Scientologie » si cela ne me fermait les portes de la communication dans un pays où il n’est déjà pas facile de s’exprimer librement.
Il faut savoir que les idées exposées dans Undercover sont « out tech » dans le jargon de l’orthodoxie scientologique (idées contraires au dogme). Qu’est-ce que cela signifie ? Pour ceux qui connaissent un peu la doctrine de Ron Hubbard, cela veut dire qu’un scientologue qui publierait des thèses négatives sur l’empire américain se ferait souffler dans les bronches. Lorsque je mets en cause les services secrets et les jésuites-maçons, et que je dénonce les loges occultes, c’est contraire au dogme des psychiatres suppressifs de la mythologie de Ron Hubbard. Un scientologue ne devrait pas me lire pour ne pas être « restimulé ».

Pour comprendre le tintamarre autour de la Scientologie, il faut rencontrer des adeptes sérieux et pas seulement des ennemis déclarés. C’est pourquoi je suis allé jusqu’à Hollywood pour causer avec les manitous de la secte à Tom Cruise et Travolta. Un bon souvenir de voyage au demeurant. J’ai trouvé Hollywood pas si mal. Cela m’a permis de découvrir aussi des scientologues du petit peuple de Los Angeles et même un rabbin scientologue. « The talmud is good but Scientoloy is very good ». C’est ça l’Amérique des sectes.

Quand je suis entré dans la spiritualité dans les années 60, j’ai voulu voir et toucher. J’ai lu Aurobindo et j’ai visité son ashram de Pondichéry en 69. J’ai pratiqué Zazen avec le maître Deshimaru en son dojo parisien au début 70. J’ai découvert Krishnamurti et je me suis rendu à ses conférences d’été à Saanen. Après la lecture du « Pèlerinage aux sources » de Lanza del Vasto, j’ai déboulé au Larzac pour voir Shantidas et sa Chanterelle qui m’accueillit ainsi : « Savez-vous ce que nous faisons ici ? » « heu…oui ». « Bon, entrez ». C’était un autre temps.
Quand je lis un livre intéressant, j’aime voir ce qu’il y a derrière. Et vous ? C’est pourquoi, selon les RG - Généreux Renseignements - je suis le meilleur connaisseur en sectologie.
Mais ce n’est pas un compliment car de là provient une réputation de suppôt des gourous. Un procès injuste, vu mes positions iconoclastes. Quant à la suspicion d’être « proche de la Scientologie », c’est une bonne blague, sachant que même les universitaires qui étudient cette organisation sont traités « d’agents de la Scientologie ». Leur faute ? Ils produisent des études neutres. C’est mal vu d’être objectif quand on parle des sectes.
Pourtant, plus un groupe est controversé, et plus il est excitant d’aller voir le diable de près. Or, qui se soucie de connaître quelque chose de première main en France ? On recopie.
C’est plus simple de ressasser les rumeurs – les rumeurs de « source sûre », bien entendu.
Lors de mes recherches, j’ai visité une centaine de groupes. Des sectes qui selon les médias « violent, pillent et torturent ». Quelle folie.
Maintenant que la passion est retombée, on y voit un peu plus clair. Je vais donc faire mon ultime déposition pour solde de tout compte

Louis Pauwels écrivait en 1985 dans le Figaro magazine : « On nous prépare des scandales de sectes. Je le vois, je le sens. » Parole prophétique d’un connaisseur des mouvements spirituels qui lança Planète et « Question de ».
Après le massacre de l’OTS, Pauwels qui avait flairé l’embrouille m’a encouragé dans mon action de clarification. Dès qu’il est monté au créneau médiatique, l’ADFI l’a attaqué pour son article du Figaro « L’esprit d’inquisition » pour lequel il m’avait demandé de collaborer. Le mot inquisition était lâché. L’ADFI bondit.
Pour Louis Pauwels, la campagne antisecte était le prélude à des lois pour imposer la pensée conforme. Pauwels accusait l’ADFI de promouvoir la normalisation mentale et d’être une inquisition. J’étais en phase d’où mon livre L’Etat inquisiteur * qui est paru après le décès de Louis Pauwels, mort au début 97, malade et affecté par les attaques de Janine Tavernier.

Les faux suicides de sectes, c’est quoi ? Depuis Guyana (900 morts) jusqu’à L’OTS, en passant par Waco (80 morts), ces massacres ont été perpétués par des commandos dirigés respectivement par la CIA, la DST et le FBI.
Il existe des rapports factuels de chercheurs indépendants. Le suicide collectif n’a jamais existé. Alors, pourquoi ces massacres ?
Je ne parlerai pas des drames de Guyana et Waco qui obéissent à une logique américaine, mais je peux dire ce que je sais sur l’OTS et le délire antisecte artificiel qui en a résulté.
Sans ce massacre médiatisé à outrance, la lutte antisecte n’avait pas de fondement. Il fallait du sang pour émouvoir les chaumières et pousser la classe politique à légiférer contre les groupes marginaux. C’est chose faite depuis la loi About-Picard qui est une loi militaire visant tout groupe ou individu que la République jugerait « sectaire », autrement dit dissident. Cette loi était le but de toute cette campagne. C’est une épée sur la tête des récalcitrants à l’ordre mondial qui voudraient s’organiser ou se réfugier quelque part pour vivre en groupe.
Et pourquoi une loi d’exception ? Parce que c’est une stratégie de la « grande muette » (l’armée). Elle, vous ne l’entendez jamais mais elle vous connaît. Elle dissimule le pouvoir réel, le lobby militaro industriel et ses banques.

Et l’OTS ? Sans nul doute, Jouret et Di mambro, les chefs visibles de l’Ordre du Temple Solaire trempaient dans le blanchiment d’argent de la mafia de l’armement. Les ordres templiers servent à couvrir ce genre de trafic. Ont-ils tapé dans la caisse jusqu’à ce que les services secrets décident d’éliminer les témoins ? On ne voit pas d’autre motif.
Les services secrets ont fait d’une pierre deux coups en organisant une commission d’enquête parlementaire sur les sectes dont le rapport est sorti en même temps que le massacre de l’OTS. Sans le sang et le feu de l’OTS, le rapport sur les sectes serait passé aux oubliettes. 172 associations aussi néfastes que les ligues de pêcheurs à la ligne, se sont retrouvées listées « sectes dangereuses ». Et comble de bêtise, l’OTS n’était même pas sur la liste noire de ce rapport bidon des RG !

Et les sectes ? Parlons de Janine Tavernier, « la mamie en lutte contre les gourous qui menacent nos enfants ». Une mère courage ?
Voici le pot aux roses : Janine Tavernier était un agent des services spéciaux. Une sacrée.
Son mari, Michel Tavernier, ex-militaire, trempait dans le trafic d’armes en Afrique. Les africains le nommaient « la dame noire » car « la mort vient dans son sillage ».
Janine et Michel s’étaient connus lors d’une mission chez Emmaüs dans le but de faire tomber l’abbé Pierre, cette grande gueule qui dérangeait les politiques et les éminences.
Leur mission accomplie, ils convolèrent en justes noces. La bassesse tisse des liens.
Plus tard, la Dame Noire alias Michel Tavernier infiltra le groupe survivaliste Ecoovie qui était dans le collimateur de l’état pour ses activités humanitaires suspectes.
D’où la mise en scène de la secte Ecoovie. L’intrépide Janine qui s’envole vers le Nord pour ramener son mari qu’elle sauve du froid et de la malnutrition en l’arrachant aux griffes de la secte retirée au fond des forêts sauvages.
En traitant tout ce qui bouge de gourou, Janine Tavernier a poussé des gens au suicide, tel le Dr Yves Julien, à la mort duquel, elle fut mise à la retraite. Une bavure de trop révélée par Labruyère puis reprise par la télévision. Fatal.
Je ne m’étonne donc pas que la présidente de l’ADFI ne répondait rien lorsqu’on lui demandait les sources de ses élucubrations.
La Grande Muette ne discute pas.
Dans une réunion secrète de l’ADFI, l’agent Janine Tavernier lança : « C’est la guerre ! »
J’ai pressenti que la Tavernier était un agent car elle manipulait trop bien les médias pour une mère de famille. C’était une tueuse.

Conclusion. Les ordres templiers et certaines organisations initiatiques appartiennent aux services secrets internationaux et au Vatican. Et ça cartonne entre les gangs pour le partage de la « fraîche ». Parfois, ça éclabousse au dehors et on enfume l’opinion avec les sectes.


* L’ETAT INQUISITEUR
Joël Labruyère - éditions des 3 Monts – DG Diffusion


Quatrième de couverture

Depuis la diffusion du rapport parlementaire sur les " sectes ", il n'est plus tout à fait permis d'appartenir à une organisation spirituelle structurée. La République laïque a mis une limite à l'exercice de la liberté de pensée, de culte et de réunion. Les esprits attentifs auront remarqué qu'une telle orientation est unique dans l'histoire de la République, car en s'attaquant à la liberté d'association, c'est la liberté individuelle qu'on restreint dans les faits. L'Etat inquisiteur est le résultat d'une enquête de trois années qui a conduit le président de l'Omnium des Libertés à rencontrer de nombreux membres et responsables de minorités spirituelles. L'auteur explore les coulisses de ce qui est devenu une véritable " chasse aux sectes " et offre ici un ouvrage à contre-courant du flot médiatique et éditorial actuel. Sans faire l'apologie des sectes, même si l'accusation ne manquera pas, il est nécessaire de traiter des questions de spiritualité que masque ce feu d'artillerie. A quoi correspond la floraison de groupes spirituels et qu'est-ce qui les anime ? Pourquoi sont-ils ainsi diabolisés ? Qui tire les ficelles de cette désinformation et pour quelles raisons ? Comment les politiques et les médias ont-ils été embarqués dans cette campagne ? Les auteurs répondent à ces questions en analysant les différents rouages d'une mécanique à marginaliser les hérétiques. L'Etat inquisiteur représente une contribution importante pour la défense des libertés fondamentales. Au-delà des aspects polémiques liés à une véritable affaire d'état, il s'agit d'un outil constructif permettant de mieux appréhender la situation française. Vous y trouverez des références, des faits et des arguments qui n'ont jamais été exposés à ce jour, et qui serviront pour la défense de quiconque pourrait être inquiété à cause de son appartenance ou de ses idées. Ce livre est aussi un témoignage devant l'histoire.